L’Indice de Médiatisation du Meurtre de Masse

Voici un article commencé en juillet 2011 et que je publie au vu des récents événements liégeois.

J’ai dans ma vie, à deux occasions, résidé temporairement dans un pays frappé par un meutre de masse. J’ai à deux occasions observé les mêmes comportements, principalement de la part des médias, concernant le traitement de ces meurtres. Une morbide curiosité pour les motifs du coupable, les victimes étant reléguées au second plan. Cette façon traditionnelle de traiter l’info sert étrangement, à mon humble avis, les objectifs du perpétrateur, marquer les esprits, prendre un revanche, frapper fort et n’apporte pas de solution.

En 1999 je travaillais de manière temporaire aux Etats-Unis pour le compte de Lernout & Hauspie et avait posé le pied sur le sol US courant du mois d’avril. Le 20 une fusillade au Columbine HS faisait 12 morts et 24 blessés et l’attention du monde se focalisait sur le mal-être adolescent US. Je découvrais le traitement monomaniaque de l’info à l’américaine, toutes les chaînes traitant d’un sujet unique comme si le monde avait cessé de tourner pour n’être que centré sur ce meurtre de masse.

J’avais été tellement frappé par la couverture du Time que je l’avais achetée et encadrée puis exposée en bonne place, à mon retour, dans mon appartement; prenant prétexte de sa présence pour interpeller mes amis et hôtes sur le traitement graphique (pré-Facebook) des protagonistes de ce massacre : les victimes en noir et blanc au second plan, les meurtriers au centre en couleur.

J’avais à l’époque tenté d’établir un indice, de le baptiser, qui permettrait de chiffrer le nombre de victimes nécessaires pour obtenir une attention mondiale. J’avais pensé à Bubka (pour la hauteur) mais c’était manquer de respect à un grand champion. Ne compromettons personne et permettez-moi de le nommer Indice de Médiatisation du Meurtre de Masse(IMMM).

En 2011 j’ai quitté Oslo le 21 juillet en direction de Bergen. Un homme abat 85 personnes et son visage, son message politique sont diffusés, analysés, la barre est montée très haut, l’impact est retentissant et rien ne semble questionner cette médiatisation. Sur Wikipédia des scribes consciencieux tiennent un registre des meurtriers de masse, la mise à jour de cette page annonce des moments douloureux

Ce qui déroute, sans doute, c’est la facilité avec laquelle on peut tuer tant de gens. Cette crainte et le besoin de comprendre alimentent « une terreur » post-traumatique lucrative pour la presse ou terreau à des réactions politiques basées sur l’émotion. Se munir d’une arme en faire usage ad libitum et soit retourner son arme contre soi soit se rendre pour gagner une gloire médiocre semble une voie possible pour une notoriété mondiale. Et tous ces enfants qui veulent être célèbres.

La société frappée par une telle attaque tombe invariablement dans le jeux pervers du perpétrateur en médiatisant le coupable plus que les victimes. Pour ce qui est de l’attaque liégeoise le traitement ethnique de l’information révèle une terrible fêlure d’une société qui se regarde uniquement sous le prisme de l’origine, mais en Belgique peut-il en être autrement vu notre contexte socio-politique ?

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